14/08/2024

Quelles sont les opportunités qui peuvent naître de la crise actuelle ? – Table Ronde

Table ronde – Lundi 4 juin 2024

Les crises d’aujourd’hui font les opportunités de demain

Le lundi 4 juin à Paris, un groupe de travail réunissant des experts de l’immobilier s’est tenu autour du thème « Les crises d’aujourd’hui font les opportunités de demain ». Organisée par l’école, cette discussion a permis d’aborder des sujets variés tels que la construction durable, l’innovation, les besoins en formation, ainsi que l’avenir de l’immobilier.

Cet événement a porté un message d’espoir et de confiance pour les générations futures souhaitant intégrer le secteur de l’immobilier.

Notre table ronde sur la crise et les opportunités dans l'immobilier

👉 Quelles sont les pistes qui peuvent permettre de sortir de cette crise ?

Véronique Pappe : Une chose est sûre : il faut arrêter de démolir pour reconstruire. Regardez le siège de l’INSEE : on met à la poubelle des tonnes de béton et de carbone pour reconstruire un bâtiment qui aura sensiblement le même usage. C’est une opération de l’ancien monde, comme on ne devrait plus en avoir.

Autre enjeu, l’adaptation au dérèglement climatique. En 2050, nous pourrons connaître des températures de 50 degrés en été à Paris et aujourd’hui, le parc parisien est inhabitable par une chaleur pareille.
Heureusement, de nombreux politiques et professionnels de l’immobilier (nous en connaissons
plein chez Ekopolis) ont pris conscience de ces enjeux et agissent en proposant des bâtiments confortables tout en embarquant des solutions sobres et bas carbone : bâtiments très bien isolés
et ventilés. On peut, par exemple tout à fait vivre dans un bâtiment sans climatisation, qui présente l’immense défaut de rejeter de l’air chaud dans des espaces urbains déjà en surchauffe. Penser différemment la ventilation, végétaliser, rafraichir avec des énergies renouvelables comme la géothermie sont autant de solutions décarbonées.
Ceci nécessite par contre de penser la construction et le système différemment que ce qui se fait.
Les professionnels de l’immobilier ont une vraie responsabilité pour initier des projets soutenables et pour cela, ils doivent vraiment se former aux enjeux écologiques.

👉 Est-ce que ces projets là sont réalisables à l’heure actuelle, aussi bien d’un point de vue écologique que financier ?

Najib Ghanthous : En France, la réglementation évolue dans ce sens. Du côté de l’immobilier d’entreprise, la panoplie de lois qui sont en train de driver les choses jusqu’en 2050 ne sont pas négligeables. Je le vois aussi dans le budget de mes clients, ça devient une ligne inévitable, ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans. Pour le logement, ça fait un moment qu’on construit de mieux en mieux, avec des normes RT 2012 et 2020. Ce sont des choses que d’autres pays ne font pas.

👉 Que pouvez-vous attendre d’écoles comme l’ECST et Suptertiaire ?

Bruno Rouleau : On a une perte de persévérance et d’enjeux de l’immobilier. Les gens sont venus dans l’immobilier pour l’argent et pas par passion, alors que c’est un enjeu de vie. C’est un peu de notre faute de ne pas avoir réussi à transmettre cette passion.
Ce qu’on peut attendre des écoles d’immobilier, c’est la notion de service, d’accompagnement de clients, de relation humaine. C’est l’un des points les plus importants du métier. Le savoir-être est très important dans l’immobilier !

Antoine Mesnard : Je rejoins Bruno sur cette partie que les écoles pourraient être plus performantes sur la notion de relation client. Il y a aussi un gros travail à faire sur les managers dans l’immobilier. Ils ne sont pas toujours à l’écoute et ne se projettent pas dans les attentes des nouveaux diplômés. Il y a 6 ans, lors de nos enquêtes, les élèves en sortie d’études disaient qu’ils cherchaient surtout un salaire. Aujourd’hui, ils disent qu’ils cherchent avant tout la reconnaissance. C’est donc une vraie priorité de former les managers pour pérenniser les équipes. Il doit y avoir une vraie prise de conscience des écoles sur les formations en management.

👉 Quelles sont les innovations dans la gestion immobilière qui émergent ?

Najib Ghanthous : L’IA et les innovations technologiques sont quelque chose de très important. Ça ne va pas remplacer les humains, l’IA ne travaille pas seule, c’est un outil qui va enlever les tâches ingrates et qui va faciliter les choses. Je rejoins le côté service et relation humaine dont mes confrères ont parlé. Il faut savoir accompagner ses clients. De mon côté, j’ai beaucoup plus de mal à avoir des collaborateurs que des clients, alors qu’on est en contexte de crise. Mon business se développe plus rapidement que mes collaborateurs. On voit l’importance d’une bonne formation et d’un bon état d’esprit. On manque énormément de main d’oeuvre qualifiée dans l’immobilier ! Il manque des centaines de milliers de logements en France, à tel point qu’on dit que la prochaine révolution ne sera pas le manque de pain, mais le manque de logements et elle n’est pas très loin si on continue comme ça !

👉 Comment la construction durable peut-elle être une solution pour l’avenir de l’immobilier ?

Véronique Pappe : C’est avant tout une nécessité et il faut travailler sur le long terme, pour avoir des bâtiments qui soient opérationnels sur 20, 30, 40 ans.
En France, on est plutôt bien pourvu en réglementations pour la construction durable, avec la loi RT 2012 sur l’énergie et la RE 2020 qui intégrait aussi le carbone. La prochaine, en 2030, prendra en compte d’autres problématiques encore, comme l’économie circulaire ou la biodiversité.
Le gouvernement peut nous aider sur d’autres sujets, comme ne plus construire de bâtiments avec des murs ridaux en verre, qu’on doit climatiser même en hiver. Si les professionnels de l’immobilier n’arrivent pas à s’en passer, il faudrait un jour que ça soit interdit.

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