Anne Canova : Défis et perspectives du logement social en Auvergne-Rhône-Alpes
Le logement social en Auvergne-Rhône-Alpes
Loger un maximum de Français, réhabiliter durablement des bâtiments, innover face aux aléas climatiques… Pour Anne Canova, directrice régionale de CDC Habitat Auvergne-Rhône-Alpes, les enjeux du logement social sont colossaux. Dans cette interview, elle partage les défis auxquels son équipe fait face au quotidien : réduire les émissions de gaz à effet de serre, produire davantage de logements et accompagner les locataires vers la propriété.
👉 Quels sont les défis du logement social ?
Le premier défi, c’est celui de loger un maximum de Français. 70 % de la population est éligible au logement social (source : Union Sociale pour l’Habitat), beaucoup ne le savent pas et bon nombre de Français peuvent y prétendre mais n’y ont pas accès, on a besoin de produire des logements. Vu qu’on a un manque de logements sociaux en France, ce sont les populations qui en ont le plus besoin qui sont prioritaires. Le deuxième enjeu est la réhabilitation de notre parc immobilier. On veut le décarboner pour
consommer moins d’énergie afin de permettre à nos locataires de réduire la production de gaz à effet de serre et d’économiser de l’argent. Le troisième enjeu du logement social en France est d’assurer une haute qualité de service à nos locataires, le logement est la sécurité, il faut que nos locataires se sentent bien chez eux. Au-delà de l’aspect social, on a beaucoup de choses à faire sur l’environnement, car le logement représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre, donc on a une responsabilité sur cet enjeu climatique.
👉 Quel est votre avis sur la crise du secteur ?
Sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, 265 000 personnes demandent un logement social chaque année. Tous bailleurs confondus, on attribue 50 000 logements par an. On ne satisfait qu’une demande sur cinq. Sur la métropole de Lyon, c’est même une personne sur dix. Le besoin est colossal. On doit travailler sur la production. Mais aussi sur ce qu’on appelle le parcours résidentiel. Quand un locataire est en logement social, l’idée est qu’il en sorte un jour en accédant à un autre logement ensuite, et laisser sa place à quelqu’un qui est dans un besoin plus grand. On doit les accompagner dans leur vie pour qu’ils renforcent leurs conditions de vie et accèdent à un logement intermédiaire, peut-être même un achat. C’est pourquoi nous mettons en vente certains de nos logements sociaux auprès de nos locataires, Ils bénéficient alors d’un tarif privilégié par rapport au marché. C’est un logement qui sort de notre parc mais les fonds dégagés nous permettent de construire de nouveaux logements.
👉 Quelles compétences ou connaissances attendez-vous des jeunes diplômés ?
Le monde de l’immobilier est en perpétuelle évolution réglementaire et technique. La qualité la plus importante est cette capacité d’adaptation, de réaction, à la fois dans son poste, dans son organisation et ses missions. La notion de fiche de poste n’a plus tellement de sens dans nos métiers à partir du moment où il faut réagir au domaine qui évolue. Ce qu’on essaie de promouvoir au sein du groupe est la culture client. C’est la culture de la qualité de service qu’on offre à nos locataires, mais aussi en interne entre services. Comment on se rend service, comment on accompagne toute la chaîne. Pour qu’un collaborateur soit réactif, impliqué et empathique, il faut que lui-même ait le soutien de tous les autres services qui lui apportent la même chose.
👉 Comment Suptertiaire peut-elle mieux répondre aux besoins actuels du secteur ?
Déjà l’alternance, c’est très intéressant ! C’est challengeant pour les managers. Pour les jeunes diplômés, ils arrivent sur le monde du travail avec de l’expérience terrain, ça leur permet de comprendre les codes de l’entreprise. Sur le volet social, c’est intéressant qu’il y ait une formation spécifique, car il y a des enjeux particuliers. Il faut arriver avec des valeurs et l’envie de sens. Sur le côté durable et environnemental, il faut que ça empreigne tous les domaines. On est dans un monde perturbé par les questions de gestion climatique. Il est indispensable que cette notion soit intégrée sur tous les diplômes et tous les métiers. Et il serait intéressant de réussir à motiver les étudiants à se diriger vers le syndic de copropriété, car c’est un domaine insoupçonné mais indispensable. Ce n’est pas un métier facile, mais il est essentiel. On manque de personnel de qualité dans ces métiers.
👉 Si vous pouviez changer une chose dans l’immobilier ?
Qu’on cesse de prendre le logement comme un bien classique. On parle beaucoup de pouvoir d’achat sans que le logement soit vraiment mis au cœur des priorités.
C’est 25 % du budget des Français, sans parler de l’eau et du chauffage. Il faut que ça soit une préoccupation, que ça soit un bien particulier. Une personne qui n’a pas de logement peut difficilement trouver un travail, fonder une famille ou imaginer un avenir.
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